sunrise-f-w-murnau-silent-movie-theater-theatre-cinefamily-beck-brian-lebarton-hansen-score-los-angeles

L’Aurore

2017 – …

Le film

Il y a longtemps, quelque part, un homme paysan est séduit par une femme venue de la ville. Dans une atmosphère onirique et anxiogène, celle-ci parvient à le convaincre de réaliser le pire : se débarrasser de sa femme. Son plan est simple : il lui proposera une promenade en bateau, et devra la pousser par-dessus bord… Tourmenté par des sentiments contradictoires, l’homme prépare son embarcation. Mais est-il vraiment prêt à commettre l’irréparable pour cette femme de la ville ?

Au-delà de cette histoire, l’Aurore est un véritable conte, poétique et abstrait, qui met en scène l’amour, la tentation, la folie, la vanité, mais aussi la complicité et même la douceur de vivre dans les univers croisés de la ville et de la campagne, du jour et de la nuit. La mise en scène virtuose, l’image en clair-obscur, et le montage astucieux permettent de transmettre une palette d’émotions très variée au spectateur, qui passera du rire aux larmes, de l’effroi au soulagement, de la peur à la tendresse au cours du film. Notre choix musical vise à renforcer ces sensations, tantôt de fatalité, tantôt de légèreté, pour une rencontre (ou des retrouvailles) uniques avec ce grand film.

Héritier de l’expressionnisme allemand, parfois considéré comme le dernier des films muets, car sorti juste avant le premier film parlant, l’Aurore en est certainement aussi l’un des plus beaux chefs d’œuvre, remarquablement moderne. Nous vous invitons donc à nous suivre dans ce voyage dans un monde en noir et blanc, filmé en 1927, mais capable, encore aujourd’hui, de parler au plus grand nombre.

169

Le ciné-concert

La compagnie des Planches à Musique a une longue tradition de ciné-concerts, habituellement réalisés entre deux spectacles plus théâtraux. Nous avons mis en musique et joué des courts métrages de Buster Keaton, Charlie Chaplin, Charles Pathé, mais aussi un long-métrage : Le Cabinet du Docteur Caligari (1920), film expressionniste allemand de Robert Wiene. Pour ce dernier nous avions mêlé des musiques de notre répertoire tel que les Tableaux d’une Exposition et la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, et les suites pour orchestre Peer Gynt de Grieg pour souligner la dramaturgie du film, dans ses aspects sombres et fantaisistes.

L’Aurore est le fruit d’une démarche de la compagnie tout à fait similaire. Tout d’abord les musiciens de l’orchestre ont collectivement choisis les morceaux qu’ils désiraient joué, à savoir les suites pour orchestre Carmen de Bizet et les Planètes de Holst. Puis nous avons visionné une dizaine de films muets plutôt tournés vers la science-fiction pendant l’été 2015 en tentant d’imaginer comment nos pièces pourraient faire sonner le film : Le Monde Perdu, Le Fantôme de l’Opéra, Le Cuirassé Potemkine, Nosferatu… et l’Aurore qui nous subjugua tous.

Ensuite c’est collectivement que huit des membres de la compagnie se sont mis à l’ouvrage pour mettre en musique le film : « où placer telle ou telle pièce », « quelle est le meilleur choix sur cette séquence ?  », « où couper ? », mais aussi « où est-ce qu’on fait une pause ? », « à quel tempo ? » etc… De ces longues réflexions et discussions est né le ciné-concert. Finalement, plusieurs pièces ont dû être rajoutées pour créer la bande son complète : la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski (en clin d’oeil à notre précédent ciné-concert), l’ouverture Coriolan de Beethoven, un arrangement fanfare de la Bourrée d’Aurore Sand réalisé par Pascal Neveu (trompettiste de la compagnie) et La Moldau de Smetana pour clore le film.

Durée : 1h30

Friedrich Wilhelm MURNAU

Né en 1888 à Sielzfeld en Allemagne, Murnau est un enfant du début du XXe siècle. Poussé par sa mère et ses sœurs, Murnau se passionne très tôt pour le théâtre. En 1911, après avoir obtenu un baccalauréat en philologie, il se décide à se consacrer entièrement au théâtre. Sa famille ne comprend pas son choix et s’éloigne de lui. Il change alors son nom de famille de Plumpe à Murnau. Après la première guerre mondiale, au cours laquelle il a servi en tant qu’aviateur, il commence à réaliser des films dans un style romantique et tourmenté, marqué par l’expressionnisme et le romantisme. En 1922, il réalise Nosferatu le vampire, film célèbre inspiré du Dracula de Bram Stocker.

En 1927, il est invité aux Etats-Unis dans les studios de Fox où il réalise l’Aurore, considéré comme l’un des plus grands films du cinéma, mais qui est financièrement un raté. Il décide de poursuivre sa carrière aux Etats-Unis, entre grandes réussites et amères désillusions. Il meurt en 1931 dans un accident de voiture, quelques mois seulement avant la sortie de son dernier film, Tabou, tourné en Polynésie.